RICHÁRD TESTVÉR KONGÓI BETEGEKÉRT ALAPÍTVÁNY

GEOGRAPHIE

Lokoko est un petit campement de Pygmées, qui se situe dans le territoire de LOMELA, à 150 km de KOLE, en pleine forêt équatoriale. Le service d’ophtalmologie le plus proche se trouve à LODJA, à 200 km. Bien que distante de 400 km, cette zone est administrée par Mbuji Mayi, chef lieu de la province du Kasai Oriental.
PREPARATION DE LA MISSION

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La mission OPH LOKOKO 2008 s’inscrit dans la suite de la mission effectuée au même endroit en 2007. La population locale et les autorités étant très satisfaites, ont demandé de continuer l’action, que nous avons appelée «Action ste Elisabeth de Hongrie».

La Communauté Agnus Dei, implantée sur les lieux depuis 3 ans est l'initiatrice de ces missions, motivée par la détresse et l’abandon de la population locale Bantoue et Pygmée. Pour la mission 2008, comme pour la précédente cette communauté a pris en charge le voyage (petit porteur) et l’hébergement de l’équipe. En plus, elle a organisé le déroulement des activités, assurant l’assistance technique, la sécurité des actes, la stérilisation du linge et des instruments, et l’achat sur fonds MSV d’une partie des médicaments et des lunettes. De notre côté, l’équipe du Centre Ophtalmologique St Raphael a assuré tout le nécessaire pour la mission, les examens et les opérations.


VOYAGE ET ACCUEIL, récit de frère Richard:

La date du départ fut fixée au 20 octobre, par petit porteur, à partir de l’aéroport de Mbuji Mayi. J'étais accompagné par l’infirmier Simon Pierre, chef de notre centre Ophtalmologique de Mbuji Mayi. Notre équipement était composé comme suit:

Matériel pour la consultation: Lampe à fente portable, ophtalmoscope, boite de verres à essai, tableau de lecture, tonométre de Shiotz.
Matériel pour les opérations: Cocotte minute, linge, tambours, microscope opératoire, électrocoagulateur, instruments de microchirurgie, tout le matériel á usage unique pour la chirurgie des yeux, gants, seringues, aiguilles, etc… + les produits nécessaires pour la dilatation et l’anesthésie, le groupe électrogène, l’essence.

CONDITIONS DE TRAVAIL

Le travail se réalisa dans le petit centre de santé construit pour la population pygmée au campement de Lokoko. Nous avons été hébergés dans un gîte appartenant au diocèse à 300 mètres du centre.
Le centre comprend quatre pièces de 3mx3. Toutes les activités (consultations et opérations) furent réalisées dans ces locaux.

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ACTIVITES REALISEES

En trois semaines de consultation, nous avons consulté 974 malades enregistrés comme Nouveaux Cas, et avons réalisé 91 interventions chirurgicales. Des les premiers jours, nous avons été littéralement envahis par les malades venant de tous les cotés. De nombreux malades sont arrivés déjà des semaines avant notre arrivée. Je pense qu’une des causes de cet affluence était la réussite de la mission précédente. La bonne nouvelle s’est répandue, et les malades mêmes très graves venaient de très loin. L’autre aspect qui a beaucoup attiré, c’est la quasi gratuité des soins. En effet, nous avons demandé 500 FC pour la consultation, et un coq pour une opération de l’œil (= env. 2500FC). A la consultation, les malades recevaient aussi les médicaments sous forme de cure. Les personnes ayant besoin de lunettes étaient servies sur le champ, en effet plus de 300 paires de lunettes furent achetées pour la mission. Ceci était très bénéfique, vu qu'environ 40% des malades ont consulté pour des problèmes de lunettes, et généralement pour un problème de presbytie.
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Pour les journées opératoires, j’ai limité le nombre des interventions à 15 maximum. Je pense que pour moi c’est le plafond, car vers la fin on est très fatigué...

De nombreux malades sont arrivés de très loin, et cherchaient à être hébergés. C’est ainsi, que les salles de l’école des pygmées furent réquisitionnées et occupées par les malades! Dans les villages environnants beaucoup de malades trouvèrent refuge. Les malades opérés ont très bien récupéré en période postopératoire.
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Nous avons enregistré seulement deux cas de réaction fibrineuse sur les 68 malades opérés de cataracte et bénéficiant d’implant intra oculaire. Nous avons utilisé les implants de la firme MEDICONTUR, de Hongrie.
Les autres malades opérés ne posèrent pas de problèmes. Aucune infection postopératoire ne fut observée. Cela prouve le sérieux du travail réalisé par sœur Raphaëla de la Communauté Agnus Dei, et de l’infirmière qui l’accompagnait dans le travail. Concernant la stérilisation, j’ai opté pour l'utilisation d'une grosse cocotte-minute qui est suffisante pour l'ensemble de notre matériel. Lors de la mission précédente, nous avions aussi emporté un autoclave pour les instruments. Or, l’autoclave nécessite du courant « fort », donc aussi un groupe électrogène et du carburant en plus. Ca nous aurait contraints à faire faire deux rotations avec le petit porteur. En fait, la stérilisation avec la cocoote-minute n’a posé aucun problème, et les instruments ont très bien supporté la charge. Ainsi, nous avons pu travailler avec uniquement le petit groupe électrogène qui délivre juste assez de puissance pour le microscope opératoire.

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Problèmes rencontrés:
Des les débuts s'est posé le problème de l'organisation de l'inscription des malades et le suivi des listes des malades pour les consultations. Les gens étaient très souvent agressifs, revendicatifs. (Il semble que ce soit une attitude assez répandue dans la région). Vu la foule, nous avons limité le nombre de consultations à 130 par jour ! On a travaillé sans s’arrêter pour midi, avec une vitesse de fou (en calculant le temps consacré pour un malade, on trouve en moyenne 4 minutes !!!). A vrai dire, le temps à notre disposition n'est jamais suffisant, et l’examen des malades reste dans ces conditions fort superficiel. Malgré le nombre élevé de grosses pathologies (cataracte, glaucome et hypermétropie), on pouvait quand même avancer assez rapidement.

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Certains malades, souvent transportés sur de longues distances étaient en très mauvais état général. C’est ainsi que l'un des malades emmené par sa famille, un vieux papa, est décédé 2 jours après son arrivée ! Cause du décès : faiblesse générale. Nous l’avons hospitalisé à l’hôpital de Tshudi, à 3 km de Lokoko, et il est mort là-bas.
Le nombre très important de malades nous a donné énormément de travail et nous donnions le maximum de nous-mêmes.

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Nous n’avons pas pu opérer les malades nécessitant une anesthésie générale. Nous avions environ 4-5 cas qui auraient du étre opérer sous AG, mais ça n’a pas pu se faire pour différentes raisons.
Vers la fin de la mission, nous avons entièrement épuisé notre stock de médicaments et de lunettes. Le problème de la prise en charge des malades atteints de glaucome reste sans solution définitive. Faut-il tout faire pour leur donner le traitement par médicaments couvrant de grandes périodes (un an par malades, jusqu’à notre retour)? Ou bien faut- il opérer tout le monde sans trop de distinctions ? Ceci n’est pas évident, car la chirurgie d’un œil atteint de glaucome au stade avancé peut aggraver de façon dramatique la maladie.

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Malgré le bon accueil et le dévouement de la communauté organisatrice de la mission, les conditions générales restent fort difficiles : il faut s'habituer aux insectes qui sont partout, accepter d'être attaqué par les fourmis en pleine nuit et se contenter d'une nourriture assez spéciale. Je crois que dans ces conditions il faut vraiment un grand dévouement pour tenir ! Par contre, il y a les malades, les Pygmées, la faune, la forêt tropicale qui compensent tout !
Recommandations
Vu la satisfaction des malades mes suggestions pour la prochaine mission sont les suivantes :
Doubler les effectifs : 2 médecins, 2 infirmiers formés pour l’ophtalmologie au minimum devraient constituer la mission.
Séparer les activités sur deux endroits différents: ainsi pendant les opérations on pourra consulter en même temps, et être plus efficace.
Mettre plus de moyens pour l’acquisition de médicaments. Vu les prix des médicaments à partir de Kinshasa, faudrait-il chercher des dons de collyres par exemple à partir de l’Europe ?
Valoriser plus les lunettes. Au moins 70% des gens qui sont venus pour des problèmes de lunettes, sont venus pour profiter du prix très bas (400FC) des lunettes. Je crois que prochainement nous devrons augmenter le prix des lunettes, et ainsi pouvoir retrouver une somme à la fin de la mission qui permettrait une rémunération plus digne des infirmiers.

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Le retour se fit sans problèmes. Le seul élément angoissant fut l’incertitude avant l’arrivée du petit porteur : viendra, ne viendra pas ? Cette fois-ci, il arriva avec 2 heures de retard, on pensait qu’il n’allait plus venir.

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Nous avons décollé sous la pluie, et avons manœuvré pour éviter d’entrer dans les zones avec orageuse. Finalement tout s’est très bien passé.